Vins de Bordeaux : l’arrachage, une fausse solution

Les vins de Bordeaux ont du mal à sortir de la crise structurelle. Plein d'atouts, ce vignoble devra cependant abandonner certaines pratiques et se positionner sur des secteurs clefs pour répondre aux envies du consommateur.

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6/29/20243 min lire

Vins de Bordeaux : l’arrachage, une fausse solution

Entre une baisse de la consommation et des arrachages récurrents, le vignoble de Bordeaux a du mal à sortir de la crise structurelle. Plein d'atouts, ce vignoble devra cependant abandonner certaines pratiques et se positionner sur des secteurs clefs pour répondre aux envies du consommateur.

8000 hectares arrachés au printemps 2024. Face à la baisse des ventes de vins de Bordeaux et à l’effondrement du prix de la barrique en AOC, la réponse proposée pour le vignoble se trouve comme souvent dans l’arrachage de vigne.

Mais cette pratique, qui est désormais fréquente dans de nombreux vignobles à travers le monde (cf. Californie), pose question quant à son efficacité. Si elle permet bien évidemment à des vignerons en difficulté de récupérer de la trésorerie rapidement grâce aux aides à l’arrachage, elle ne traite en rien des causes plus profondes de la situation de ce vignoble.

Longtemps considéré comme le porte-étendard du vignoble français et mondial, le bordelais, planté en quasi-totalité en rouge, n’est désormais plus adapté à la demande mondiale de vin.

Tout d’abord car il ne répond plus aux exigences du nouveau consommateur de vin, plus versatile, qui s’est lassé des vins boisés et du style caricatural proposé par de trop nombreux domaines. La demande a également évolué vers des vins plus légers, frais et fruités, en témoigne le succès grandissant des vins « frais » (vins blancs, rosés, effervescents ou encore rouges légers).

L’arrachage ne règlera pas la question de la baisse de la consommation de vin rouge

L’arrachage est une solution temporaire, qui doit pousser l’ensemble du vignoble bordelais à se questionner sur son identité. Car il n’est plus tenable pour les domaines de produire de la même manière qu’il y a 20 ou 30 ans, et ce n’est pas l’arrachage qui résoudra cette question.

Si le Comité Interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB) commence à prendre la mesure de l’ampleur du travail devant être accompli, les producteurs de Bordeaux ne doivent plus attendre avant de prendre des initiatives. La relance des ventes par la compréhension du goût et des désirs des consommateurs doit désormais être au centre de leur stratégie de développement et de reconquête des marchés.

Vins de base, clairets, Crémant de Bordeaux... des pistes à explorer

Le vignoble de Bordeaux dispose pourtant d’atouts considérables. L’image tout d’abord, grâce à un nom iconique qui a le privilège d’être connu dans toutes les régions du monde, même par des personnes ne s’intéressant que de loin au vin.

Bordeaux doit aussi puiser dans ses ressources déjà existantes pour se renouveler. Bien qu’une transition rapide soit illusoire, les producteurs devraient dans un premier temps surfer sur la vague des vins effervescents en proposant des vins de base pour les pétillants. Le positionnement sur ce marché porteur pourrait permettre une transition plus douce des surfaces plantées en rouge, sans obliger à l’arrachage systématique.

Retrouver ses racines ou miser sur l’avenir est aussi indispensable aujourd’hui. Travailler sur les clairets, ces vins rouges légers pouvant se boire frais, est l’une des solutions envisageables pour coller aux désirs du consommateurs d’aujourd’hui. D’autant plus que le clairet est un vin historique à Bordeaux. Enfin, les producteurs du bordelais pourront aussi miser sur le Crémant de Bordeaux, sur le créneau des vins effervescents dont le succès n’est plus à démontrer.

Image générée par IA.